Dans le dernier magazine de l’info durable, Laurence Giraud Berthet , pose une question sur la qualité des fonds ISR.
Aujourd’hui les approches ISR sont très variées – critères ESG, exclusion sectorielle, approche thématique,… Comment savoir si un fonds labellisé ISR est investi ou non dans les sociétés pétrolières ou plus largement dans les énergies fossiles ?
Réponse de Thiên-Minh Polodna, Chargé de mission, Forum pour l’Investissement Responsable.
Pour mieux comprendre les fonds ISR et comment ils fonctionnent, il existe un document qui s’appelle le Code de Transparence. Il est obligatoire en France pour les fonds ISR ouverts au public des sociétés de gestion membres de l’AFG et du FIR. Il a été créé par Eurosif, le FIR européen. Il est disponible sur la page des fonds sur le site des sociétés de gestion. Ce document a vocation à améliorer la lisibilité et la transparence de la démarche des fonds ISR vis-à-vis des investisseurs et épargnants, et de toute autre partie prenante. Outre des informations sur la société de gestion et son engagement en matière d’ISR, on doit y trouver des informations sur la méthodologie de gestion ISR appliquée par le fonds et les moyens mis en œuvre. C’est ainsi là qu’on peut trouver comment les portefeuilles sont construits et si d’éventuelles exclusions sont appliquées par le fonds. C’est le document le plus complet pour comprendre un fonds ISR, il est d’ailleurs particulièrement scruté par l’AMF en ce qui concerne les fonds ISR et leur communication envers les investisseurs. Il est aussi un prérequis pour le label ISR public. Sur le sujet de l’exclusion, il y a débat entre les acteurs. Si un consensus tend à se dégager en faveur de l’exclusion de secteurs comme le tabac ou le charbon, ce n’est pas encore le cas pour les autres énergies fossiles pour lesquelles – et comme pour d’autres secteurs – d’autres approches sont privilégiées. Celles-ci consistent à rester investi dans les entreprises pour s’engager avec elles dans un dialogue avec comme objectif de les accompagner vers la transformation de leur modèle économique. Certains développent aussi l’argument selon lequel, si on n’investit pas dans ces entreprises, des investisseurs moins regardants le feront. À noter que la culture de l’exclusion est différente selon les pays, les exclusions sectorielles et normatives sont largement répandues chez les investisseurs nordiques par exemple. Sur un secteur comme le nucléaire, la France ne l’exclut pas de manière systématique alors que c’est le cas en Allemagne.
Source : le magazine de l’info durable